La couturière, Frances De Pontes Peebles
Note générale: 3/5
Fun factor: 5/5
Titre en VO: The Seamstress
Eh oui, le niveau de ce blog monte dangereusement, je me mets à conseiller les mêmes livres que "Elle USA".
Mais j'ai tenté, comme ça, prise d'une impulsion subite à la bibliothèque, et pour une fois j'ai été bien inspirée. Voilà un bon petit roman, sorti récemment (mai 2009 en France, je crois) à déguster tranquillement au coin du feu.
Je ne dirais pas qu'il révolutionne la littérature de ces 20 dernières années, mais c'est un bouquin très agréable à lire et très prenant, de bonne facture et plutôt bien écrit, de manière très fluide et imagée (même s'il y a de temps en temps quelques bizarreries de vocabulaire, dues à la traduction peut-être...).
Ca commence, commme toujours dans un bon roman, par une histoire bien trouvée: dans le Brésil des années 30, deux soeurs, Emilia et Luzia, sont de modestes petites couturères élevées par leur tante dans un village- du genre super paumé- en plein milieu du Nordeste (c'est une espèce de semi-désert très chaud apparemment). Leurs destins se séparent quand Emilia recherche l'ascension sociale à travers le mariage avec un bourgeois de Recife, et Luzia prend la voie d'une vie marginale et aventureuse...
Alors déjà, comme le titre l'indique, il y a le côté "fringue" qui est sympathique (surtout si vous êtes une fille évidemment, mais si ce n'est pas le cas, rassurez-vous, c'est plutôt subtil et pas du tout lourd, il y a un intérêt littéraire, quoi, un peu comme les descriptions des étoffes dans "Au bonheur des Dames" chez Zola).
Mais la grande qualité de ce roman est son pouvoir d'évocation du Brésil: on est littéralement transporté dans cette culture, que finalement on connaît de manière très superficielle. Ce livre donne d'ailleurs très envie de boire des caïpirinhas, manger des piments verts et du chili... d'aller au Brésil bien sûr aussi, mais comme il y a beaucoup de descriptions de pénurie et famine, on devient bizarrement pas mal branché bouffe (un peu comme dans les romans médiévaux de Ken Folllet, quand on a l'impression qu'ils n'ont rien à manger, vous voyez le truc?).
D'ailleurs, justement, les épisodes évoquant la famine sont particulièrement forts, et donnent réellement à voir ce qu'on a tendance à considérer, depuis notre société d'abondance, de manière relativement abstraite (enfin, en tous cas, moi qui suis assez dépourvue naturellement de conscience sociale et politique, les famines sous l'Ancien Régime, la Faim dans le monde, tout ça, j'avais tendance à dire "c'est horrible" histoire d'être tranquille, mais depuis que j'ai lu ce bouquin je vois que c'est VRAIMENT horrible).
Bref, du bon divertissement, avec juste ce qu'il faut de réflexion pour avoir l'impression d'apprendre quelque chose quand même (car pour moi une bonne lecture enrichit toujours son lecteur), donc si vous le voyez traîner, ne vous laissez pas influencer par le paraphe kitschouille de la jaquette et ouvrez-le, vous ne le regretterez pas!